Enzo Lefort raconte son contrôle anti-dopage inopiné à 5h10 du matin

Dans une chronique écrite pour le Magazine L’Equipe, Enzo Lefort décrit les situations parfois ubuesques vécues dans le cadre des contrôles anti-dopage. Nous vous résumons ci-dessous ses propos.

A 5h10 du matin, le téléphone sonne. Ce n’est ni une notification, ni un réveil oublié. Non, un contrôleur antidopage est au bout du fil.
A Washington DC, Enzo Lefort, peine à ouvrir l’œil et décroche machinalement. Il fait nuit, son coéquipier dort encore, pour ce dernier jour après une compétition qualificative pour les Jeux de Paris 2024.

C’est une obligation pour tous les athlètes inscrits dans le système de contrôle de l’AFLD : il faut déclarer où l’on sera, chaque jour, une heure précise entre 5h et 23h. Cela doit être une localisation exacte et il n’y a pas le droit à l’erreur. Pour le contrôleur, c’est simple : il doit savoir où se présenter : hotel, maison, stage… et doit savoir l’horaire. Il sonne à la porte, ne prévient pas de sa venue (logique, sinon ce serait trop facile) et l’athlète doit se rendre disponible.

Avant l’épreuve, c’est là où le dopage commence : dans l’intimité des athlètes

La scène est presque absurde : il faut sortir du sommeil, attraper le flacon, tenter de viser juste, tout en répondant aux questions administratives d’usage. Tout cela sous le regard concentré du contrôleur, qui a pour consigne de ne pas vous quitter du regard.
Le contrôle peut avoir lieu à tout moment. Quand il se déroule à domicile, cela peut se révéler encore plus intrusif : ils ont le code de l’immeuble, la description de la porte, le numéro d’interphone… Parfois même ils ont accès au plan du couloir qui mène à la chambre. Et oui, ce n’est pas une plaisanterie : les athlètes doivent être précis, jusqu’à donner le côté du lit sur lequel ils dorment.

Et malgré toutes ces informations, ils arrivent encore parfois à surprendre. Enzo Lefort raconte : un contrôleur arrive chez lui alors qu’il accompagne sa fille aux toilettes. Alors, dans un moment de vie plutôt ordinaire, il se heurte à l’exigence, quasiment militaire, de la lutte anti-dopage.

Une machine nécessaire… mais anxiogène

L’objectif ne peut pas être remis en cause : lutter contre le dopage pour protéger l’intégrité du sport. Malheureusement, cela ajoute une chaarge mentale non négligeable aux athlètes. Rater une mise à jour de localisation peut avoir des conséquences drastiques sur la carrière de l’athlète : trois avertissements engendrent une suspension. Si l’on oublie une heure, que l’on improvise un déplacement, que le téléphone est déchargé ou bug ? Des situations qui peuvent être anodines mais qui peuvent se retrouver dramatiques pour les athlètes.

Et la suspicion des défauts de localisation peut peser lourd sur l’image d’un athlète. Si l’on manque un rendez-vous, le grand public peut être au courant et l’équation est vite faite dans la tête des fans : s’il a manqué un rendez-vous, c’est qu’il a quelque chose à cacher. Alors même pourtant, qu’il s’agit parfois d’un manquement d’un système contraignant.

Alors tout le monde est mis au parfum dans la vie quotidienne de l’athlète. Les personnes les plus proches doivent être préparées à cela : à cette intrusion dans leur vie personnelle. Et au fur et à mesure, ils apprennent à vivre avec.

Le prix d’un sport propre

Malgré tout, Enzo Lefort le dit sans détour : si ce système n’existait pas, le sport ne pourrait pas fonctionner correctement. Si l’on n’impose pas une discipline stricte et des contrôles inopinés, cela ne fonctionne pas et la tentation de tricher est trop grande. Un sport propre exige une transparence de la part des athlètes, que l’on peut juger disproportionnée ou injuste mais qui reste essentielle.

Ainsi, les athlètes se plient à cette règlementation. Ils mettent à jour sa localisation, répondent aux coups de fil à l’aube, tendent le flacon qu’on leur demande. Toutes ces petites habitudes, ces petits gestes dans un seul objectif : l’égalité des chances. Malgré le fait que cela peut parfois empiéter sur leur sommeil.

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