Dans un guide de langage publié par la Fédération Anglaise de Rugby à destination des clubs, ils désignent certains termes comme peu inclusifs et appellent à trouver des alternatives neutres de genre. Ce qu’ils expliquent comme de l’inclusivité et par le fait qu’il existe plus de deux genres : « La question du genre ne doit pas être vu de façon binaire et plutôt que parler de « deux genres », il faudrait parler de « tous les genres ». » Plusieurs termes ont été ciblés par ce guide, notamment :
- « Homme du match » (« man of the match ») qui deviendrait « Joueur du Match » (« Player of the game »), qui devient de fait plus inclusif en anglais, car le terme « player » n’est pas genré
- « chairman » deviendrait « chair »
- « ladies and gentlemen » et « guys and girls » deviendrait « everyone« , « team » ou « folks »
Cette initiative provient d’une volonté de la part de la Fédération Anglaise d’utiliser un langage plus inclusif et de mettre fin à des problématiques jugées comme du harcèlement (si répété) et de la discrimination.
Ce guide fait également référence à nos biais personnels dont on ne se rend pas forcément compte : « Nos cerveaux font parfois des jugements rapides de personnes ou situations sans que l’on ne s’en rende compte. Nos biais sont influencés par notre bagage personnel, notre environnement culturel et nos expériences personnelles. On ne se rend pas forcément compte de ces visions et opinions et nous ne sommes pas toujours conscients de leur impact. C’est important de reconnaître ces biais et de les challenger. »
Des réactions contrastées en Angleterre
Même si l’intention semble inclusive et vouloir aller dans le bon sens, certains trouvent justement qu’elle va peut-être trop loin et peut être considérée comme un non-sens bien intentionné. Certains y voient une tentative de paraître cool, comme le relate The Telegraph. Lord Young (fondateur de la Free Speech Union et ancien journaliste) proclame d’ailleurs que « Nommer un joueur « Homme du match » ne choquera pas forcément les fans de rugby (même les plus woke). J’ai bien peur que ces tentatives de rendre le rugby politique ne soient vouées à l’échec. »
Fiona McAnena, directrice d’un organisme de bienfaisance nommé Sex Matters qui lutte pour les droits fondés sur le genre, a d’ailleurs fait preuve d’un certain scepticisme sur le sujet : « Est-ce que la Fédération Anglaise pense vraiment que les joueurs vont dire « ze/zir » à leurs coéquipiers ? Cette initiative risque de faire un flop. Il n’y a que deux genres dans les règles du rugby. Vouloir forcer les joueurs à prétendre que non est une erreur. » Elle poursuit en disant : « Cette initiative bien intentionnée ne va pas nécessairement rendre le rugby plus inclusif. Ce qui compte, c’est le comportement, pas les pronoms. A la place d’imposer des idées à propos de « tous les genres », la Fédération devrait s’assurer que tous les clubs accueillent ceux qui veulent jouer – hommes ou femmes, hétérosexuels ou homosexuels et sans se soucier de s’ils se conforment aux stéréotypes de genre. »
Au-delà de cela, certains pensent aussi qu’elle peut avoir l’effet inverse. Alka Sehgal Cuthbert, directrice de Don’t Divide Us, n’a pas mâché ses mots : « Alors que certains commencent à penser que céder aux demandes visant à modifier le langage courant traditionnel, y compris les pronoms, n’est peut-être pas une si bonne idée et remettent en question l’affirmation selon laquelle les préjugés inconscients constituent un problème majeur, England Rugby décide d’introduire cette absurdité. Ca transpire l’envie de paraître cool, alors qu’ils ne sont pas. Et ils n’ont pas besoin de l’être. Ils doivent juste faire leur taff. »
Bien que développées en collaboration avec des représentants du milieu et à la suite de demande d’aide, ces directives ne font pas du tout l’unanimité, ou alors dans le mauvais sens. Un porte-parole de la RFU a justifié : « Elles ont été largement utilisées et ont reçu de nombreux commentaires positifs. À tel point que des directives spécifiques à la neurodiversité ont été élaborées cette année, à la demande des clubs qui souhaitent offrir le meilleur environnement possible à leurs membres neurodivergents.«






