Yohann Ndoye-Brouard : la résilience par la natation

Sur les Championnats du Monde de 2025, le nageur a brillé s’est octroyé deux médailles de bronze respectivement sur le 100 et le 200 dos, face à une compétition très relevée. Il a également remporté la médaill d’argent du 4×100 4 Nages. Objectif réussi pour Yohann Ndoye-Brouard qui n’a pas exactement eu un parcours tout tracé.

(F. Faugère/L’Équipe)

Une enfance baignée dans l’eau chlorée mais aussi celle du lac

Yohann a grandi en Haute-Savoie et s’entraîne durant son enfance aux Dauphins d’Annecy. C’est d’ailleurs sa propre mère, Vanessa, qui sera sa première coach et lui transmettra tous les fondamentaux et l’amour de la discipline. D’abord dans un soucis de sécurité mais aussi parce qu’il a pris goût à la natation, le jeune nageur a continué de progresser et de se faire une place dans le milieu des bassins chlorés.

Il est très vite repéré par la Fédération Française de Natation (aux alentours de ses 13-14 ans), âge où il commence déjà à s’illustrer sur la scène régionale et à battre des records. A la suite de cela, il intégrera l’INSEP en 2018, où il travaillera sous l’égide de Michel Chrétien (qui a également coaché Camille Lacourt). Dès cette première année, il s’impose déjà aux Championnats de France sur le 100 et 200 dos.

Un chemin semé d’embûches et de blessure

Il a ensuite connu plusieurs blessures dans sa carrière, qui ont freiné sa progression. Durant l’hiver 2022, il fait une chute à ski, qui lui cause une fracture du cubitus au niveau de l’olécrane, fissuré en deux et déplacé. Cette chute, de près de 7 mètres aurait pu être bien plus grave, car comme il l’explique à L’Equipe : « Je ne l’ai pas forcément dit, mais au moment de l’accident, j’ai eu très, très peur. La tête dans la neige, je n’arrivais pas à me relever. J’étais paralysé, je me suis dit que je m’étais brisé la nuque… »

Une fracture du coude qui sera finalement plutôt un soulagement, au moment où il réussit de nouveau à bouger ses orteils. Malgré tout, elle lui a causé deux semaines d’immobilisation, une opération avec l’ajout d’une plaque, de broches, de neuf vis et de dix-sept points de suture, comme il le confie à RMC. S’en est suivie une longue période de rééducation, qui lui a notamment fait manquer un stage de l’Equipe de France à Tenerife et l’a poussé à passer une longue période hors de l’eau.

Il enchaîna également avec deux autres blessures plus mineures : une tendinite de l’épaule et une lésion du labrum au printemps 2022, à l’aube des Championnats de France de Limoges. Cette blessure ne l’a néanmoins pas empêché de nager plus de 3 semaines. En mars 2023, il a également souffert d’une blessure à l’ischio gauche et au poignet droit : une désinsertion du ligament qu’il a fait traitée par infiltration.

Toutes ces blessures ont néanmoins été sources de motivation et de détermination pour revenir au plus haut-niveau. Arrivées souvent à des moments charnières (avant des Championnats de France ou du Monde), elles ont probablement convaincu le nageur de continuer sa pratique et d’aller plus loin pour chercher le Graal.

Mais également par une maladie dégénérative visuelle

En 2020, le jeune nageur de 20 ans est diagnostiqué d’un kératocône. Cette maladie dégénérative de la cornée entraine un amincissement et une déformation progressive de la cornée. Cela cause par exemple une acuité visuelle réduite, une sensibilité à la lumière ou une déformation des images. C’est notamment cette maladie qui l’a fait percuter le mur de la piscine lors du 100m Dos des Jeux Olympiques de Tokyo en 2021. Cela a entrainé sa disqualification car il est ensuite reparti sur le ventre et a marqué sa première participation olympique.

D’autres nageurs (Emma Terebo, Mary-Ambre Moluh, Noé Ponti…) lui ont conseillé de garder des lentilles dans l’eau mais cette solution a été rapidement balayée par son ophtalmologue qui pointait les risques d’infections liées à des bactéries présentes dans l’eau des piscines, allant jusqu’à lui dire qu’il pouvait perdre la vue en faisant cela.

A la suite de cela, il s’est rapproché de plusieurs spécialistes. D’abord Arena qui envisageait de développer des lunettes de natation de vue, mais n’a pas pu concrétiser le projet dû à un problème de licence médicale. Des premiers prototypes ont été créés puis il a ensuite agrandi son cercle de contacts, en se rendant notamment au salon de la lunette où il rencontrera Transitions. Ils ont ainsi commencé à travailler sur une paire de lunette pour régler notamment son problème de sensibilité à la lumière : des lunettes qui se teintait en fonction de la luminosité pour éviter les flash lumineux. Une véritable prouesse qui a du prendre en compte de nombreux paramètres : trouver le verre adapté, les matériaux résistants au chlore et aux températures. Depuis, il nage avec ces lunettes sur-mesure, qui lui permettent de se sentir plus en confiance et de ne se concentrer que sur sa performance sportive.

En parallèle de cela, il a décidé de se faire opérer au laser en septembre 2021, pour ne plus souffrir de problèmes visuels aussi poussés. L’opération a réussi à stabiliser sa cornée et même à tripler son acuité visuelle.

Un pari gagnant et une montée en puissance progressive

Médaillé lors des Jeux Olympiques de Paris 2024 sur le relai 4×100 4 Nages (qu’il a alors partagé avec Léon Marchand, Maxime Grousset et Florent Manaudou), il rentre de Singapour avec 3 nouvelles médailles : 2 médailles de Bronze en individuel et une médaille d’argent en relais (avec un temps canon de 52″26). Nul doute que cette compétition mondiale n’est qu’une étape avant une montée en puissance progressive jusqu’aux Jeux Olympiques de Los Angeles 2028. Un autre point d’étape sera attendu l’année prochaine avec les Championnats d’Europe à domicile à Paris, où il faudra prendre l’énergie du public français pour les meilleurs nageurs continentaux.

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